mardi 17 mars 2009

De la légitimité des blocages

Une fois encore, nous sommes amenés à observer ce que l'on pourrait presque qualifier de tradition (sic) : l'occupation et le blocage de l'université Michel de Montaigne (Bordeaux III) par quelques étudiants qui sont même allés jusqu'à à voter la rétention des notes du premier semestre, afin que celles-ci ne soient pas divulguées non seulement à l'administration, mais aussi aux premiers concernés, c'est à dire aux étudiants.

Je ne traiterai pas ici du projet de loi que vitupèrent les grévistes, étudiants comme professeurs. Quels que que puissent être ses défauts, ce que je considère comme vraiment révoltant, c'est d'interdire à des étudiants désireux de s'instruire d'accéder aux cours – cours auxquels ils ont droit – et qui plus est de les empêcher de connaître leurs résultats, donc de savoir s'ils vont ou non réussir leur année et d'être en mesure de faire des projets en conséquence.

Ces agissements sont injustes car, en premier lieu, les votes organisés par les organisations étudiantes ne sont que des simulacres de démocratie, et c'est même un doux euphémisme que de qualifier ainsi ces pratiques : les votes s'effectuent à main levée, ce qui déjà, ne peut garantir une bonne évaluation des suffrages exprimés et exerce forcément une pression sur les votants, exposés aux intimidations ou ne serait-ce même qu'au regard et à l'opinion de leurs congénères, toujours aptes à observer d'un œil noir ceux que l'on pourrait soupçonner (oh, abomination !) d'être de « méchants droitistes » (re-sic).

Mais surtout, même s'il s'avérait que la majorité des étudiants étaient favorables aux blocages, qu'est-ce qui pourrait moralement légitimer qu'ils interdisent aux autres de se rendre en cours ? La Démocratie ne doit pas être (ou plutôt ne devrait pas être) la dictature d'une majorité sur une minorité, ou bien alors elle ne se distingue plus d'un régime dictatorial que par l'inversion des forces d'oppression. D'ailleurs, certains des pouvoirs les plus totalitaires de l'Histoire furent d'abord appelés par une majorité. S'instruire, se cultiver est une chose fondamentale, auquel chaque individu devrait avoir droit. Dois-je rappeler qu'il y a une pléthore de pays où un grand nombre de personnes n'ont pas accès à l'éducation ? Bloquer une université, en plus d'être particulièrement immoral et tyrannique, car violant les droits légitimes d'autrui, n'est donc qu'un luxe de privilégiés, ce qui est relativement cocasse de la part de grévistes dont nombre se réclament du marxisme ou de l'un de ses nombreux et malheureux dérivés, et qui sont toujours prompts à dénoncer de prétendues inégalités.

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