vendredi 21 novembre 2008

Le Nouveau Centre ou la supercherie libérale

Bordeaux – Athénée municipale – 18 novembre 2008

Costume estival malgré un automne pluvieux, Charles de Courson est l’invité vedette de la modeste fédération Le Nouveau Centre de Gironde. Devant un parterre d’adhérents et de sympathisants, il expose brillamment la crise financière et ses conséquences au quotidien. Pédagogue dans son discours, précis dans ses exemples, il connaît son sujet sur le bout des doigts. Et, à voir les regards absorbés dans l’assistance, il sait rendre passionnants et compréhensibles les causes et les remèdes à la situation inquiétante dans laquelle nous nous trouvons.
De Courson est sans aucun doute l’un des meilleurs députés du Nouveau Centre. Homme de conviction plus que de parti, il demeure effacé en comparaison à d’autres parlementaires de son groupe. N’ayant pas besoin de la lumière des médias pour exister, il demeure peu connu du grand public. C’est regrettable car il mériterait d’exercer d’autres fonctions que celles de député-maire dont il semble se satisfaire.
Pourtant, il lui arrive de décevoir comme lors de cette conférence. Alors qu’il s’écarte de la crise financière pour parler de son parti, il précise, pensant bien faire, que le Nouveau Centre est « contre la loi de la jungle et défend un libéralisme organisé. » Par cette phrase anodine en apparence, il prouve les limites de sa philosophie libérale et reprend les poncifs de la gauche. Interrogation de la salle.
A l’écouter, il existerait donc un libéralisme désorganisé, et des libéraux sans foi ni loi préférant l’argent à l’Homme, le profit et à la liberté, l’anarchie à la règle de droit. Qui sont-ils ? Nul ne le sait. D’où viennent-ils ? Nul ne le sait. Pourtant ils existent. Ils guettent dans l’ombre une faille, une faiblesse pour piller nos bas de laine. Ils sont prêts à déferler sur notre économie et à anéantir notre modèle social et républicain. Ils sont comme les Huns qui, déferlant sur l’Europe centrale au Ve siècle, rasaient tout sur leur passage. S’ils prennent le pouvoir, ils ne laisseront rien derrière eux. Heureusement, le Nouveau Centre est là et veille sur nous avec son libéralisme organisé. Nous pouvons dormir tranquilles.
A coup de supercheries intellectuelles, Courson oublie que le libéralisme est l’union indissociable du droit et de la liberté, que le libéralisme situe l’action humaine dans un cadre réglementé. Ces principes fondamentaux s’appliquent aux libertés politiques comme aux libertés économiques. Il ne saurait y avoir de libéralisme à la carte.
Courson se prend les pieds dans le tapis. Une partie de l’assistance venue écouter un libéral parler de la crise comprend que le libéralisme du Nouveau Centre n’est qu’un faux nez d’opportunisme électoral. D’ailleurs, les réponses de l’élu aux questions de la salle finissent de lever le doute. Sur l’ISF, Courson explique que la droite ne supprimera jamais cet impôt par peur d’être accusée par la gauche de soutenir les riches. Sur les niches fiscales, le système ne lui pose aucun problème.
La salle a compris : Courson n’est pas libéral. Esprit brillant, mais pas libéral !

2 commentaires:

Genestine a dit…

Bravo Vincent, super je vois que tu t'es lancé. j'attendais quelques commentaires d'autre aéliens de Montesquieu avant d'effectuer le mien, mais sans succès. C'est en courageant d'avoir une autre personne dynamique dans le groupe, et aussi bien placé dans le milieu très fermé bordelais. A l'attaque, pour l'heure je pars en Afrique demain.

Anonyme a dit…

Bravo et merci pour cette analyse brillante, qui éclaire le souvenir que j'avais de cette conférence : intéressante mais au ressenti vaguement mal à l'aise de ne pas être d'accord avec lui sur tous les points. Maintenant je comprends mieux puisqu'il n'est pas un vrai libéral...