mardi 26 février 2008

Sabine Hérold et son équipe: Pour gérer Alternative Libérale – Aspects pratiques

De nombreuses questions m'ont été posées depuis le début de la campagne. J'ai déjà répondu à la majorité d'entre elles dans mon document de programme.

Je vais dans les jours qui viennent apporter des compléments d'information.

Voici le premier thème qu'il me semble important d'aborder : "comment gérer Alternative Libérale ?"


Voilà une vaste question, à laquelle je souhaiterais répondre avant toute chose. En effet, si je suis connue pour être une militante très active, une responsable de comité et porte parole, diriger un parti comme Alternative Libérale est une tout autre forme de responsabilité. D’autant plus importante que nous aurons, dans les prochaines années, une grande ambition pour notre mouvement.

Alors, comment gérer ce parti ?

Je répondrai à deux niveaux : pratique et politique. Dans une organisation comme un parti, où l’image et l’actualité sont le cœur du « métier », ces deux aspects sont en effet indissociables.

Etant donné que ma réponse est un peu longue, je la publierai sur deux jours. Je commencerai par les questions pratiques.


Comment gérer Alternative Libérale : aspects pratiques.

Pour diriger un parti politique, la clef est l’organisation. Il est absolument illusoire de prétendre diriger seul un mouvement de près d’un millier d’adhérent et de centaines de cadres, partout en France avec une poignée de personnes. Choisir les co-équipiers du bureau pour encadrer ne suffit pas, très loin s’en faut, à suivre efficacement une organisation de cette taille et de cette complexité. Sur un plan éthique, d’ailleurs, nous serions de biens mauvais libéraux si nous n’étions pas naturellement méfiants de cette tendance au pouvoir personnel qui en réalité mène toute organisation (ou tout gouvernement, suivez mon regard), à sa ruine.

Avec le bureau, nous mettrons donc une politique d’organisation basée sur trois piliers :

1 / Une équipe étoffée dédiée au suivi individuel des adhérents

Les Français se démobilisent des syndicats, des partis, et sont mêmes moins fidèles à leurs entreprises. Pourquoi ? Parce que l’individu contemporain, bien informé, très bien éduqué et conscient de ses responsabilités accepte de moins en moins bien le moule d’organisations trop rigides, anonymes, où il n’aurait aucune voix au chapitre. Il l’accepte avec d’autant plus de difficultés que ces organisations portent un message politique / idéologique, qui l’implique énormément en tant que personne. C’est pourquoi je crois qu’il faut revoir complètement la façon dont on gère un nouvel, ancien, ex et futur adhérent dans un parti politique. Il faut passer d’un suivi collectif à un suivi individuel. Ne plus parler organigramme, fonction, mais parcours individuel, aspirations personnelles. Ne plus réfléchir en terme de base de donnée, de mailing, de « masses », mais de personnes. Et ce n’est pas seulement une question éthique, c’est surtout une question d’efficacité.

Pour ce faire, je propose de mettre en place une équipe renforcée, dédiée à l’accueil des nouveaux adhérents, à la compréhension des mobiles de leurs adhésion (ce qui nous instruira utilement pour notre développement), à la gestion individuelle de leur implication dans le mouvement, puis à leur suivi individuel dans le temps.

Cette équipe se chargera de désigner des « parrains » aux nouveaux adhérents, pour faciliter leur intégration dans le mouvement. Quand quelqu’un arrive et demande « que faire », il doit immédiatement se voir offrir des possibilités concrètes d’action. Puis, quelque temps plus tard, se voir consulté sur sa satisfaction, conseillé dans ses choix, etc.

Que l’adhérent souhaite ou pas s’impliquer, sa consultation régulière est une source précieuse d’information pour le parti. Comment est perçue la ligne ? Que faudrait-il faire ? L’adhérent, ainsi écouté, est mieux fidélisé, et peut être même impliqué, notamment en période électorale, dans l’action, le recrutement. Les adhérents, dans un parti qui en compte un millier, sont souvent esseulés (sauf dans les grandes villes) : ce lien régulier avec le mouvement est donc essentiel.

Le parti offrira régulièrement des services aux adhérents : le premier d’entre eux, une Université Libérale, dont je vous reparlerai, qui proposera régulièrement des sessions de formations aux idées libérales, des débats sur l’actualité, etc.

Comme autres services, nous pourrions imaginer la mise en place d’outils dédiés aux adhérents, pour qu’ils puissent agir au niveau individuel, sans compromettre l’agenda souvent chargé de leur vie familiale et professionnelle. Un tel « Kit de l’adhérent », lui indiquerait comment organiser une réunion d’appartement pour présenter AL, agir sur Internet de façon autonome, mobiliser des sympathisants, convaincre sur des argumentaires ciblés, etc.

Voilà une révolution pour notre mouvement, qu’aucun autre parti n’aura imaginé avant nous : délocaliser la marque et l’initiative AL au niveau de chaque adhérent. Et faire de chaque adhérent une vraie force de proposition dans le mouvement. Un adhérent, un volontaire, est la seule vraie richesse de notre mouvement.


2 / Un Comité d’Orientation organisé en pôles

Composé de 20 à 25 personnes, il sera constitué en grands pôles d’actions, qui ne seront pas plus de 8, de telle sorte que chaque pôle soit suivi par au moins trois responsables. Parmi ces pôles futurs, on imagine aisément un pôle Fédération, très renforcé, pour aider les comités locaux à se former et à se développer, notamment dans les premières semaines de leur constitution. Mais aussi un pôle relations extérieures, pour tout ce qui concerne nos partenariats avec des acteurs de la société civile, en France et à l’étranger (associations, think-tanks, etc). On imagine enfin des pôles pour la communication militante, les médias, la préparation des élections, la recherche de financements, la formation.

Je me permets d’insister sur ces deux derniers points. Alternative Libérale a besoin d’accélérer sa recherche de fonds de façon cruciale : notre mouvement n’ayant pas réussi à atteindre les seuils électoraux nécessaires au financement public, la levée de fonds privés sera sa seule ressource.

La formation, enfin, est une activité essentielle, voire vitale. Je regrette que le précédent bureau l’ait délaissée. Je reviendrai sur ces deux points plus tard tant ils sont essentiels.

Ce comité d’orientation sera consulté pour toutes actions et décisions : il sera la cellule de base de l’action, au niveau national, du parti. En revanche, à la différence du passé, il devra absolument soumettre toute décision « stratégique » au Conseil National, Parlement du parti et en charge de la réflexion


3 / Un Contrat de mission avec les Comités locaux

Si nous voulons devenir un grand parti politique, il nous faut un contact étroit avec les comités locaux d’AL, partout en France, qui représentent le parti sur le terrain. Jusqu’à présent, la relation a surtout fonctionné du parti vers les Comités. Il est temps que les Comités prennent le pouvoir. Comment faire ? Leur donner une véritable autonomie financière d’une part, bien entendu (je propose 40 % des cotisations perçues localement), mais surtout, de réels objectifs : une véritable responsabilité dans notre mouvement.

Ces objectifs seront définis comité par comité et validés collectivement, lors de Réunions annuelles qui rassembleront tous les cadres. Ils porteront sur le nombre d’adhérents, les objectifs électoraux (nombre de candidat, % des voix visé, nombre d’élus), les objectifs de visibilité (passages médias générés, visibilité des sites des Comités Locaux). Autrement dit, chaque Comité aura sa « feuille de route », adaptée à sa taille. Il sera en droit d’exiger du parti les moyens nécessaires à l’accomplissement des objectifs fixés ensemble. En retour, le parti comptera sur ses comités pour accomplir leurs missions. C’est une toute autre vision que celle qui a prévalu jusqu’à présent dans AL : un vrai contrat de partenariat entre le parti national et le parti local, dans l’esprit d’une « franchise » où la marque AL est à saisir et à développer, en échange de moyens contre une vraie responsabilité assumée. Voilà qui devrait stimuler tout le monde et nous permettre un développement rapide.


Second point que j’aborde aujourd’hui : comment gérer, politiquement, un parti comme AL ?

L’organisation est une chose, mais la vie politique d’un parti en est une autre, encore plus complexe. Et même si l’organisation et les statuts permettent d’organiser le partage de l’information et la prise de décision collective, cela ne fait pas tout : encore faut-il savoir comment on gère la parole politique.

Pour gérer cette parole et les positions du mouvement, je propose une tactique en trois points :
- Distinguer, pour chaque action et position, le Jeu de l’Enjeu
- L’actualité est notre matière première
- Maintenir le parti sous « tension électorale »


1 / Distinguer le Jeu de l’Enjeu : pour un Comité des sages

Un parti politique gère sa parole à deux niveaux : le Jeu et l’Enjeu.

Le Jeu, c’est la parole classique, courante, habituelle du mouvement, celle qui ne surprend pas. Le Jeu, c’est un communiqué de presse qu’on publie en réaction, par exemple, à la création d’un nouvel impôt (imaginons le pour financer France 2 par exemple…) : par principe, les libéraux réagissent en bloc sur la question. Pas de surprise, mais une bonne opportunité de communiquer et faire savoir notre position.

L’Enjeu, c’est une parole qui engage les « fondamentaux » de notre mouvement. C'est-à-dire ses principes fondateurs, le socle de son programme, ou bien sa stratégie d’alliance.

Toute la complexité de la prise de parole est de distinguer la communication de Jeu des prises de positions qui sont des Enjeux pour le mouvement. Derrière une réaction à l’actualité, un communiqué de presse, une annonce publique, peuvent en réalité se trouver des enjeux / questions essentielles pour la cohésion de notre mouvement et son projet.

Il faut regretter que les deux précédents bureaux aient méconnu cette différence entre un communiqué de « Jeu », qui ne posera de questions à personne, et une position stratégique. Par exemple, l’annonce de l’alliance d’Aurélien Véron, Président d’AL, avec le Nouveau Centre à Paris, n’était pas du Jeu, mais de l’Enjeu : quand un président de parti politique s’affiche avec un autre parti, il n’est plus dans l’habituel, mais dans le stratégique.

Dans le même ordre d’esprit, l’annonce du soutien à Bayrou a été une dramatique erreur de communication interne : la façon dont la nouvelle a été annoncée aux responsables locaux par le bureau d’Edouard Fillias, rétrospectivement, a été perçu comme une atteinte au « contrat moral » qui liait les adhérents, car cette alliance avait des conséquences importantes, très stratégiques, sur l’image du mouvement.

Le problème de ce distingo, qui peut sembler simple sur le papier, est qu’il ne l’est pas du tout en réalité dans le feu de l’action, dans un contexte d’urgence (il « faut » réagir vite). Ce qui semblait naturel à Edouard ou Aurélien ne l’était en réalité pas du tout : ils n’avaient pas perçus les Enjeux de leurs prises de positions. Ils se sont ainsi coupés de l’intérieur du parti, où leur parole perdait de sa cohérence, et donc, finalement, de sa force à l’extérieure. L’alliance avec Bayrou a capoté et Aurélien ne s’est pas allié au Nouveau Centre…

Pour éviter ces erreurs du passé, je propose de mettre en place un « Comité des sages » pour lire toutes les positions d’AL (communiqué, articles, etc), d’au moins 5 personnes (pour parer aux absences ou indisponibilités éventuelles), dont la composition sera débattue entre le Conseil National et le bureau. Ce comité donnera des avis motivés au bureau sur l’importance de telle ou telle position : est-ce du Jeu ou de l’Enjeu ? Et le bureau pourra ainsi décider, éclairés par leur analyse, d’organiser une information ou un débat plus large en interne.

Voilà un premier « garde-fou » pour que notre parole publique soit cohérente et aussi forte en interne qu’en externe.


2 / L’actualité est notre matière première : utilisons la pour proposer nos idées

Un parti politique vit de l’actualité. Je me propose en tant que future présidente, d’organiser notre « hyper-réactivité » à l’actualité, grâce à une cellule médias – relations presse étoffée et une équipe de porte-parole spécialisés par thématiques (économie / internationale / libertés individuelles, etc.). Chaque évènement important et significatif doit trouver un écho chez nous, et nous devons aussi apprendre à mieux utiliser l’actualité pour avancer nos propositions.

Je propose de fixer à ce bureau une règle : un communiqué par semaine au moins, et autant de communiqués que l’actualité majeure le nécessite. Je fixerai moi-même des délais de publication pour chaque communiqué, intégrant le nécessaire temps de relecture (par le Comité des sages notamment). Pour les évènements majeurs, nous réfléchirons autant que possible à la mise en place d’actions militantes (tractages, opérations de visibilité, etc.)

Je propose une deuxième règle, pour nous assurer que chaque communiqué soit constructif et utile : pour chaque réaction que nous lancerons, avancer au moins une proposition. Autrement dit, ne jamais publier un communiqué sans au moins une proposition concrète.

3 / Maintenir le parti sous « Tension électorale »

Notre parti n’a jamais été aussi actif et fort que dans la perspective des élections présidentielles et législatives de 2007. Nous avons manqué l’échéance des municipales à Paris et été incapables d’apporter un soutien efficaces aux candidats en région : pourquoi ? Parce que le précédent bureau n’avait pas placé le « parti sous tension électorale ».

Un parti, en effet, a deux finalités : défendre sa vision de la société et ses solutions, mais aussi obtenir des élus. Ces deux objectifs sont étroitement liés. Un parti sans élu ne sera pas longtemps crédible pour défendre ses idées.

Aussi ne faut-il jamais perdre de vue les échéances électorales, comme nous l’avons fait pour les municipales. Mettre sous tension le parti, cela veut dire rappeler à chaque instant l’objectif en nombre de candidatures et de résultats qui sera le nôtre aux prochaines échéances (en l’occurrence, nous nous sommes « réveillés » en décembre pour les municipales…), et préparer tous les plannings du mouvement (levées de fonds, communication, organisation interne) avec pour seule finalité les prochaines échéances.

Autrement dit, si le bureau que nous présentons est choisi, nous organiserons AL pour les élections européennes. Ce sera notre premier et principal objectif, et toutes nos actions seront passées au filtre de l’efficacité pour ces prochaines élections, où nous avons une chance raisonnable d’obtenir un ou deux élus.

Mon objectif, en tant que présidente, sera de ne plus jamais manquer une seule échéance électorale : elles sont nos « rendez-vous » avec les Français. Nous nous construirons sur la durée en nous préparant collectivement, élection après élection. Et quand je dis « nous », je ne dis pas seulement « moi » : c’est l’affaire de toute notre organisation. Il ne sert à rien que le président ou quelques cadres se présentent, si, derrière, le parti ne s’est pas organisé pour peser dans le débat. Comme le rappelle notre Constitution dans son article 4, ce sont les partis qui organisent la vie démocratique : ne manquons plus une occasion de jouer ensemble ce rôle pour les libéraux.

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